Débits 5G – On est loin du compte
Des mesures de l’Autorité de régulation des télécoms (Arcep) prouvent que seule une petite partie des abonnés à la 5G profitent de débits vraiment plus élevés. Chez Free mobile, la 5G est même moins rapide que la 4G.
Oui, la 5G permet de bénéficier de débits plus élevés que la 4G. Mais pas partout en France, pas chez tous les opérateurs et pas non plus dans les proportions attendues. La dernière version de l’enquête Qualité des services mobiles que vient de rendre publique l’Autorité de régulation des télécoms (Arcep) prouve, comme le prédisait l’UFC-Que Choisir, que le consommateur doit être particulièrement attentif s’il veut vraiment profiter des atouts de la 5G.
Des débits 5G décevants
Si l’Arcep note une « nette progression de la qualité des services mobiles » en 1 an, on est loin du compte en ce qui concerne la 5G. Il faut dire que certains opérateurs n’hésitaient pas à promettre des débits « jusqu’à 3 fois plus rapides que la 4G ». Or, dans la pratique, on est plutôt sur une augmentation du débit de l’ordre de 50 % dans le meilleur des cas, parfois beaucoup moins. Certes, ces données sont des moyennes. Il peut donc arriver que dans certaines situations, les performances soient bien meilleures, alors qu’à d’autres endroits, le débit sera plus faible, voire que le smartphone ne parviendra pas à capter le signal 5G. Globalement, Orange est l’opérateur qui fournit les meilleurs débits, 4G comme 5G, dans la plupart des zones, suivi par SFR et Bouygues. Free ferme la marche.
Les zones rurales encore plus délaissées
On savait que la 4G des champs allait nettement moins vite que celle des villes. Avec la 5G, l’écart est encore plus flagrant. Si la 5G permet de bénéficier de débits plus élevés dans les villes et dans les endroits touristiques, dans les zones les plus reculées, la différence entre 4G et 5G est nulle, quel que soit l’opérateur. Résultat : la 5G a tendance à accroître un peu plus les inégalités entre les villes et les campagnes. Certes, on peut espérer qu’au fur et à mesure que les opérateurs déploieront leurs antennes 5G sur l’ensemble du territoire, ces inégalités se résorberont peu à peu, mais d’une part ce n’est pas certain, d’autre part ce n’est pas demain que la situation deviendra plus acceptable.
Free mobile dans les choux
Free mobile a beau se féliciter de résultats qui « valident [sa] stratégie de déploiement », l’opérateur a tendance à ne voir que le verre à moitié plein. Certes, l’enquête de l’Arcep montre que les abonnés Free ont plus tendance que les autres à accrocher le signal 5G, mais elle montre surtout que les débits 5G offerts à ses abonnés, qu’ils habitent en ville ou à la campagne, sont les plus bas de tous. Pire encore, les clients 5G de Free bénéficient globalement de débits inférieurs à ceux dont profitent les abonnés 4G. Un comble ! Ces résultats catastrophiques sont le reflet de la technologie adoptée par Free mobile. L’opérateur est en effet le seul à avoir choisi de déployer la 5G sur la bande de fréquence des 700 Mhz. Cette solution lui a permis de couvrir rapidement et à moindre coût une large partie du territoire en 5G, mais ces fréquences, si elles peuvent en théorie diffuser de la 5G, sont incapables techniquement de proposer des débits élevés.
Au final, l’enquête de l’Arcep confirme les craintes de l’UFC-Que Choisir qui, dès l’année dernière, mettait en garde les consommateurs sur le peu d’intérêt que représente la 5G dans leur quotidien et sur les difficultés qu’ils risquaient de rencontrer pour faire le tri entre la bonne et la mauvaise 5G. Pour les aider à faire le bon choix et peser sur les pouvoirs publics, nous avons lancé l’application Queldébit. Plus vous serez nombreux à la télécharger (gratuitement !), plus nous disposerons de données fiables. Alors n’attendez pas.
Wish.com – Vers un déréférencement inédit
Trop de produits vendus sur cette plateforme sont dangereux. La répression des fraudes a demandé son déréférencement des moteurs de recherche, avant peut-être son interdiction pure et simple. Une première en France.
D’ici quelques jours, vous aurez beau rechercher des produits au meilleur prix sur Google ou ailleurs, les articles vendus sur la plateforme Wish ne devraient plus apparaître dans les pages de résultats. Selon nos confrères du journal Le Parisien, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a ordonné aux moteurs de recherche de supprimer tous les liens renvoyant vers ce site. Dans le même temps, l’application Wish devrait aussi disparaître des boutiques d’applications sur mobile.
La DGCCRF justifie sa décision par la présence sur cette plateforme de nombreux produits non conformes, voire dangereux. Sur 140 articles achetés sur Wish dans le cadre d’une campagne de vérification, 90 % des appareils électriques, 62 % des bijoux fantaisie et 45 % des jouets présentaient un danger potentiel pour leurs utilisateurs. La DGCCRF dénonce notamment des défauts électriques, la présence de produits cancérogènes ou d’éléments trop facilement détachables. Suite à une première alerte, les produits incriminés avaient été retirés, mais la plupart étaient réapparus rapidement sous d’autres noms, parfois par les mêmes vendeurs. Face à l’absence de mesures efficaces permettant de bloquer la commercialisation des produits dangereux en France, la DGCCRF a demandé aux moteurs de recherche de déréférencer la plateforme basée aux États-Unis. Une mesure inédite en France pour un site de cette ampleur.
Des problèmes connus depuis longtemps
Wish ne va toutefois pas disparaître complètement d’Internet. Il sera toujours possible d’accéder au site en tapant son URL dans la barre d’adresse de son navigateur ou en cliquant sur l’une des nombreuses publicités présentes sur Internet. Quant à ceux qui ont téléchargé l’application Wish, ils pourront continuer à l’utiliser normalement. Mais Wish sera moins visible. Et ce n’est peut-être qu’un début. Sur France Info mercredi matin, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire menaçait de bloquer l’accès au site sur le territoire français si rien n’était fait.
À l’UFC-Que Choisir, Wish, on connaît ! Dès le début, nous avons suivi avec une certaine circonspection l’ascension fulgurante de cette plateforme de e-commerce spécialisée dans la vente de gadgets bas de gamme, le plus souvent en provenance directe d’usines chinoises. En 2018, nous dénoncions déjà la présence de produits dangereux ou contrefaits, de fausses promotions, d’allégations mensongères et d’avis trafiqués. En février 2020, nous relayions une étude du Bureau européen des unions de consommateurs (Beuc), dont fait partie l’UFC-Que Choisir, révélant que sur 250 produits achetés sur des marketplaces, dont Wish, les deux tiers s’étaient révélés potentiellement dangereux. Et pour couronner le tout, Wish arrive régulièrement en queue de notre comparateur des sites marchands. Les cyberacheteurs sont très nombreux à dénoncer des retards de livraison, des descriptions qui ne correspondent pas à la réalité des produits et un rapport qualité-prix pas si bon que cela au final. Reste à savoir le déréférencement annoncé aura bien lieu et, si tel est le cas, s’il permettra vraiment d’améliorer la situation.