Sauvegarde informatique – Nos conseils pour sauvegarder vos données
Un disque dur en panne, un virus informatique, un smartphone qui prend l’eau et voilà vos documents, vos e-mails, vos photos définitivement perdus. Votre vie numérique est fragile. S’astreindre à sauvegarder régulièrement vos données est impératif. En ce 31 mars, journée mondiale de la sauvegarde informatique, voici nos conseils selon votre équipement et les bons réflexes à adopter.
Pourquoi sauvegarder ?
Si vous vous posez la question, c’est que vous n’avez jamais perdu de données ! On réalise souvent l’importance de procéder à des sauvegardes régulières trop tard, une fois confronté à une panne de disque dur ou au vol de son téléphone portable (et de tous les contacts qui, bien sûr, n’étaient notés nulle part ailleurs…). Vos photos et vos documents divers sont précieux : mettez-les à l’abri ! S’astreindre à des sauvegardes n’est pas si contraignant, et vous vous remercierez infiniment de vous y être plié si vous êtes confronté à une perte.
Quels fichiers faut-il sauvegarder ?
Il est impératif de sauvegarder tous les fichiers stockés « en local » dans vos appareils, c’est-à-dire dans le disque dur de votre ordinateur ou dans la mémoire de votre tablette tactile et de votre smartphone. Contacts, photos, vidéos, documents bureautiques, courriels… Tous les fichiers sont concernés. En revanche, en cas de panne ou d’accident, vous retrouverez automatiquement les fichiers stockés en ligne. C’est par exemple le cas des e-mails si vous utilisez un webmail (Gmail, Hotmail…), des photos hébergées sur Flickr ou des documents copiés dans le « cloud » (Dropbox, Google Drive…). Gardez bien cette distinction en tête.
Comment sauvegarder vos fichiers ?
Les deux principales solutions pour mettre vos documents à l’abri consistent à les copier sur un disque dur externe ou sur un service d’hébergement en ligne.
Disque dur externe
Il existe différents types de disques durs : disque dur externe, disque dur portable, disque NAS, disque SSD. Nos guides d’achats et nos tests vous orienteront vers le modèle le plus approprié à vos besoins. Un disque dur externe de 2 To coûte entre 100 et 200 €, un NAS de 4 To autour de 400 €. Un disque SSD est beaucoup plus cher (150-250 € pour 256 Go). Veillez dans tous les cas à choisir un disque d’une capacité de stockage supérieure à celle de votre ordinateur. Vous pourrez ensuite copier les fichiers importants en les sélectionnant manuellement, ou opérer une sauvegarde de tout votre système (voir ci-dessous en fonction de votre ordinateur).
Cloud
Stocker ses fichiers en ligne permet de les retrouver à n’importe quel moment et depuis n’importe quel ordinateur, tablette ou smartphone. Géants du Web (Apple, Google, Microsoft, Amazon), FAI (Bouygues Telecom, Orange, SFR) ou entreprises spécialisées (Dropbox, Hubic, etc.) proposent tous à leurs clients un espace de stockage dans le cloud. Mais il faut parfois payer pour obtenir un stockage volumineux. Par exemple, Dropbox propose 1 To de stockage pour 8,25 €/mois.
Notre conseil : Rien n’empêche d’utiliser un disque dur externe et un service cloud. Le premier pour archiver ses photos et les documents devenus inutiles ; le second pour avoir sous la main les fichiers que vous pouvez avoir besoin de partager. Les services cloud permettent en effet de partager des documents via un simple lien.
Bon à savoir : faites le ménage avant de sauvegarder. Les besoins en gigaoctets augmentent rapidement et les photos ratées sont ratées… à jamais. Inutile de les conserver !
J’utilise un PC sous Windows
À chaque version de Windows, Microsoft a prévu une procédure pour sauvegarder tout votre système, y compris vos fichiers personnels. Il suffit d’accéder aux paramètres, puis au menu sauvegarde (dans le « Panneau de configuration » sous Windows XP, Windows 7 et Windows 8, dans l’onglet « Mise à jour et sécurité » sous Windows 10). Vous pourrez alors choisir les dossiers à sauvegarder ou préférer une sauvegarde de tout le système, et définir une fréquence de sauvegarde automatique (il faudra dans ce cas vous assurer que le disque dur de sauvegarde est connecté à votre PC).
Mise en garde : Procéder à la sauvegarde complète d’un ordinateur infecté par un virus n’élimine pas le virus. Utilisez un antivirus efficace avant de sauvegarder votre système.
J’utilise un ordinateur Mac
Depuis Mac OS X 10.5 (sorti en 2007), Apple propose un logiciel de sauvegarde automatique baptisé Time Machine. Là aussi, un disque dur externe est nécessaire. Une fois connecté au Mac (en USB, Firewire ou Thunderbolt), rendez-vous dans les préférences système et cliquez sur Time Machine. La configuration est simple, et une fois cette étape franchie, des sauvegardes sont automatiquement effectuées chaque heure pour les données des 24 dernières heures, chaque jour pour les données du mois précédent, et chaque semaine pour les données des mois antérieurs. Lorsque le disque de sauvegarde est saturé, les sauvegardes les plus anciennes sont supprimées. Il est bien sûr possible de procéder à ces sauvegardes manuellement.
J’utilise un iPad, un iPhone
Si vous avez un ordinateur, installez le logiciel iTunes (disponible pour PC ou Mac, gratuit), puis connectez votre appareil (iPhone ou iPad). Lorsqu’il apparaît dans les menus, choisissez « Résumé » puis, dans la fenêtre de droite, « Sauvegarder automatiquement » sur l’ordinateur. Cette opération stocke un fichier qui contient toutes vos données, et qu’il suffira de réinstaller si vous changez d’appareil.
Apple propose également de sauvegarder le contenu de l’appareil sur iCloud, son service d’hébergement sur Internet. C’est la méthode requise si vous ne possédez pas d’ordinateur. Cette fois, il faudra mettre la main à la poche car l’espace octroyé gratuitement par Apple (5 Go) ne suffira pas pour stocker vos photos, vos contacts, vos comptes, etc. Comptez 2,99 €/mois pour 200 Go, 9,99 €/mois pour 1 To et 19,99 €/mois pour 2 To.
J’utilise un smartphone/une tablette Android
Les smartphones et les tablettes Android font cohabiter deux environnements logiciels : celui propre au constructeur (Samsung, Huawei et les autres) et celui de Google, qui leur impose d’installer par défaut ses applications mobiles. Dans les paramètres (« Comptes », puis « Google »), vous pouvez choisir de synchroniser les données entre applications équivalentes. Ainsi, un rendez-vous est automatiquement ajouté aux deux calendriers (S Planner chez Samsung, par exemple, et Google Agenda). Idem pour les contacts ou encore les photos. Une fois hébergées sur les serveurs de Google, ces données sont disponibles depuis n’importe quel appareil avec vos identifiants. Google offre 15 Go de stockage, au-delà, il faudra payer (1,99 €/mois pour 100 Go, 9,99 €/mois pour 1 To). Si vous n’utilisez que les applications proposées par le fabricant, les sauvegardes passeront par leur propre système. Chez Samsung, par exemple, le logiciel Smart Switch (disponible pour PC ou Mac, gratuit) permet de stocker toutes les données de son smartphone ou de sa tablette sur son ordinateur.
Camille Gruhier
Santé – Entretenir sa mémoire au jour le jour
S’il n’y a pas une recette miracle pour améliorer sa mémoire, notre mode de vie a un impact très concret sur nos réseaux neuronaux. Occupations du quotidien, activité physique ou alimentation : que disent les neurosciences de notre art de vivre ?
Apprentissage et vie sociale – La curiosité est un excellent défaut
Nous ne vieillissons pas tous de la même façon et cela s’applique aussi à la mémoire. Certains résistent mieux que d’autres au déclin des fonctions cognitives. Pour les spécialistes, cette disparité serait associée à l’importance de nos ressources ou « réserves cérébrales ». En partie déterminées par le parcours de vie, elles permettent en quelque sorte de « donner le change » même si l’on n’est plus aussi performant qu’auparavant.
Un capital à faire fructifier
Cette notion de réserve est née de l’observation post mortem de cerveaux dans les années 1980. Ceux-ci présentaient des lésions avancées de la maladie d’Alzheimer alors même que les individus ne présentaient pas de symptômes ! Comme si l’entrée dans la maladie avait été différée grâce à l’effet protecteur d’une réserve. Cette dernière est défi nie d’une part comme le stock de neurones et de synapses dont nous disposons (réserve passive ou cérébrale) et d’autre part comme une capacité à recruter efficacement ses réseaux neuronaux (réserve active ou cognitive). Ces ressources retardent l’expression de la maladie, mais elles permettent également de mieux résister aux effets du vieillissement normal du cerveau.
De nombreuses recherches sont entreprises pour identifier les facteurs qui contribuent au développement de ces ressources. Le lien avec le niveau d’éducation et la profession exercée est assez établi. La diminution d’incidence (nombre de nouveaux cas) de la maladie d’Alzheimer chez les femmes ces dernières années est d’ailleurs attribuée à leur accès aux études. Divers paramètres sont passés au crible, isolément ou de façon combinée : loisirs, vie sociale, activité physique, alimentation, mais aussi bilinguisme ou départ tardif à la retraite.
De l’entraînement cognitif…
Peut-on muscler son cerveau ? L’analogie avec l’activité physique n’est pas dénuée de sens : les stimulations liées à l’éducation « font gonfler » la matière grise. Alors pourquoi pas l’entraînement cognitif ? Les exercices et les jeux sur papier ou sur écran ont certes des effets positifs, mais seulement dans le domaine travaillé (mémoire, raisonnement, attention, etc.). Il n’y a malheureusement pas de transfert notable d’une compétence à une autre ni, surtout, dans la vie quotidienne. Retenir des listes de mots n’aiderait pas à retrouver le prénom des petits-enfants de ses amis, jouer aux échecs exerce l’anticipation spatiale mais ne faciliterait pas la programmation d’un itinéraire.
… aux stimulations de la vie quotidienne
Plus qu’un entraînement « désincarné » et répétitif, les neuro scientifiques prônent aujourd’hui un style de vie actif, dans lequel comptent la qualité des loisirs et des interactions sociales, le bien-être psychique ou l’entretien physique. Finalement, il faudrait « entraîner » ce qu’on souhaite préserver : une vivacité d’esprit et une réactivité mobilisant la mémoire prospective (mémoire des actions à réaliser au présent et dans le futur), et des fonctions dites exécutives, qui permettent de gérer la vie de tous les jours, de faire des projets, de s’adapter aux imprévus, d’échanger et d’interagir en ajustant nos décisions et nos actions.
En pratique
Il n’est pas question de bouleverser son quotidien ou de se lancer dans des activités qui ne nous correspondent pas. Il s’agit plutôt de maintenir des occupations et des relations qui ont tendance à s’étioler avec le temps, de moduler ses habitudes à petits pas comme on le fait pour l’alimentation ou l’exercice physique, de ne pas s’enfermer dans des routines. Les spécialistes valorisent la nouveauté, l’exigence intellectuelle et les interactions sociales pour entretenir ses fonctions cognitives. Le voyage est souvent cité en modèle, mais si vous êtes urbain et plutôt sédentaire, une simple randonnée vous stimulera autant qu’un périple lointain. L’ouverture aux autres est mise en avant, mais la qualité affective et intellectuelle de quelques liens compte certainement plus qu’un réseau étendu et superficiel.
L’intellect ne s’exerce pas seulement en étudiant ou en lisant. En effet, réparer une moto ou gérer la logistique d’une association d’aide alimentaire sollicitent aussi les fonctions cognitives. Enfin, quelle que soit l’activité menée, le plaisir reste un critère essentiel : le caractère agréable n’a pas en soi de vertus scientifiquement démontrées, mais c’est la plus efficace des motivations !
Activité physique – S’oxygéner la tête
Le lien entre l’activité physique et le déclin cognitif est très étudié, avec des constats variables allant d’un encourageant effet protecteur à une décevante absence d’impact. La question du sens de la relation se pose : l’activité préserve-t-elle du déclin cognitif ou est-ce parce que nous jouissons d’une bonne santé cérébrale que nous nous activons plus ? Quoi qu’il en soit, la majorité des travaux sont plutôt positifs et l’impact de l’activité physique sur la qualité du vieillissement (bien-être, autonomie, santé cardiovasculaire, etc.) est par ailleurs indiscutable.
Une activation chimique
Selon les hypothèses des chercheurs, l’activité physique stimulerait le potentiel de plasticité cérébrale (voir encadré ci-dessous) en augmentant le flux de sang dans le cerveau (angiogenèse), en stimulant la libération de neurotransmetteurs (noradrénaline, dopamine), en créant des conditions favorables au renforcement des connexions neuronales (plasticité synaptique) et au renouvellement des neurones (neurogenèse). L’imagerie cérébrale montre ainsi que les hippocampes, supports de la mémoire à long terme, augmentent de volume après un an d’exercice de type aérobie et qu’ils s’activent mieux dans les tâches de mémoire. Ceci pourrait être le signe d’une intégration performante des nouveaux neurones aux circuits existants.
À ces processus s’ajoute la composante cognitive de l’activité physique. Ainsi, la danse, les arts martiaux ou les sports collectifs, pour ne citer que des exemples parlants, font appel à l’attention, à la mémoire ou aux fonctions exécutives (anticipation, adaptation, attention sélective, etc.) au même titre que tout apprentissage.
Des effets bénéfiques indirects
L’activité physique améliore l’irrigation sanguine du cerveau et régule la pression artérielle. Elle contribue ainsi à la prévention des lésions vasculaires cérébrales qui peuvent elles-mêmes conduire à des troubles cognitifs, voire à des démences. Elle prévient le diabète de type 2, améliore le sommeil dont les effets sur la mémoire sont établis, peut modérer le stress, voire les symptômes dépressifs, tous en lien avec nos capacités mnésiques. Enfin, très concrètement, une bonne condition physique prévient les chutes et permet de préserver sa mobilité, une liberté de mouvement précieuse pour vieillir sereinement.
En pratique
Dans les études, les bienfaits sur le cerveau sont généralement liés à des activités de type aérobie. Ce sont des exercices d’endurance d’intensité modérée comme la marche soutenue, la natation, le vélo ou le jogging. La régularité est le point sensible : 45 minutes 3 fois par semaine ou 30 minutes 5 fois par semaine, peu importe comment on compose son programme, l’essentiel est d’être assez motivé pour s’engager dans la durée. Comment tenir ses résolutions ? Voici quelques conseils, parmi les plus classiques : pratiquer près de chez soi, à plusieurs (c’est stimulant) mais aussi seul (plus facile à mettre en place), varier les activités et les niveaux pour s’autoriser des alternatives douces, se souvenir des sensations positives des séances précédentes, planifier en étant précis (bloquer les séances dans l’agenda, se fixer des objectifs, utiliser un podomètre, par exemple), etc.
Alimentation – Quel festin pour vos neurones ?
Pour fonctionner avec efficacité, le cerveau a besoin de nutriments (glucides, protéines, lipides dont les oméga 3) et de micronutriments (vitamines, sels minéraux, composés végétaux antioxydants) en quantités adéquates. Toutefois, aucun aliment n’a le pouvoir d’améliorer la mémoire.
Un modèle nutritionnel
Plusieurs études suggèrent que le régime méditerranéen, connu pour ses bienfaits cardiovasculaires, aurait un effet protecteur sur le déclin cognitif. L’une d’elles (Predimed, 2015) a comparé les performances cognitives de sujets âgés ayant suivi pendant quatre ans soit un régime méditerranéen, soit un régime pauvre en graisses. Ceux qui avaient adopté une alimentation méditerranéenne ont vu leur score de performance s’accroître légèrement tandis que les autres accusaient un certain déclin. Même si les participants étaient peu nombreux, les résultats de cette étude vont dans le sens d’un effet préventif du modèle nutritionnel méditerranéen.
En pratique
Le régime méditerranéen n’est pas contraignant. Il s’agit plutôt d’une façon saine d’équilibrer son alimentation, adaptable aux goûts de chacun et propice à une modération calorique. On retrouve d’ailleurs plus ou moins les mêmes principes dans d’autres « régimes » vertueux comme celui d’Okinawa et, a fortiori, dans une variante appelée régime Mind (Mediterranean-Dash Intervention of Neurodegenerative Delay), qui met plus particulièrement l’accent sur la réduction du sel (prévention de l’hypertension), les légumes à feuilles vertes et les baies.
Dans ses grandes lignes, le régime méditerranéen privilégie les aliments non transformés et place les végétaux au premier plan : fruits frais et oléagineux (dont les noix), légumes, légumineuses, céréales complètes. Le poisson (dont les poissons gras, sources d’oméga 3) est consommé plus souvent que la viande, l’apport en produits laitiers est modéré. La matière grasse de base est l’huile d’olive (en majorité insaturée, les graisses saturées étant à limiter), à compléter par de l’huile de colza ou de noix pour les oméga 3. Le vin fait partie du modèle méditerranéen, modérément bien sûr.
La baisse d’audition, un facteur de risque facile à corriger
Fréquente avec l’âge, la baisse d’audition peut mener à un repli sur soi, à un isolement qui favorise les symptômes dépressifs mais également le déclin cognitif. Ce lien avec la diminution des performances a fait l’objet de plusieurs études. L’une d’elles, publiée en 2015 par l’Inserm, s’appuie sur le suivi de 3 772 sujets de plus de 65 ans. Elle conclut que le déclin est accéléré par la perte d’audition. Exception : chez les personnes appareillées, le déclin est alors comparable à celui des sujets sans perte auditive. On sait par ailleurs que, plus on attend pour s’équiper d’audioprothèses, plus l’adaptation est difficile et longue. Non sollicitées, les zones du cerveau dédiées à l’audition deviendraient moins fonctionnelles…
À retenir
Si vous êtes gêné dans les ambiances bruyantes, si vous avez du mal à comprendre les dialogues de films ou si vous faites souvent répéter les personnes de votre entourage, n’attendez pas trop pour prendre rendez-vous avec un ORL.
Notre cerveau est une matière plastique
Le cerveau a une propriété étonnante : il se reconfigure continuellement en fonction de notre vécu.
Le cerveau n’est pas un organe fi gé, ayant un stock de neurones et des connexions immuables. Sous l’effet de nos expériences, de nos interactions avec l’environnement, ses réseaux se modifient en permanence, et des neurones peuvent même se renouveler localement. Cette dynamique est particulièrement intense durant l’enfance, période d’apprentissages majeurs, mais elle perdure tout au long de la vie. La découverte de cette « plasticité cérébrale » s’est progressivement imposée dans la deuxième moitié du XXe siècle en suscitant de grands espoirs. Si la vie que nous menons, avec ses composantes intellectuelles, physiques, sociales ou émotives, peut moduler nos circuits cérébraux, ce potentiel peut théoriquement être exploité pour freiner le déclin des fonctions cognitives (dont la mémoire), voire pour traiter des maladies neurodégénératives comme celle d’Alzheimer.
Les traces de la mémoire
La communication entre les neurones (les cellules nerveuses) s’effectue au travers de zones de jonction appelées synapses. Lorsqu’un neurone est activé, il émet son message à un autre neurone grâce à des substances appelées neurotransmetteurs. Nos milliards de neurones sont chacun reliés à des milliers d’autres neurones, et ce sont ces milliards de connexions qui nous permettent de percevoir, d’apprendre, de mémoriser, de décider et d’agir. Ces synapses ont une propriété : elles se modifient et se renforcent sous l’effet des activations neuronales – elles sont plastiques au sens de « transformables ». Nos souvenirs – apprentissages ou événements de notre vie – laissent donc une trace « matérielle » dans nos circuits, et cette plasticité dite synaptique fait que chaque cerveau est unique. On a longtemps cru que les neurones ne se renouvelaient pas. On sait désormais qu’ils peuvent se former tout au long de la vie. C’est notamment le cas dans des zones reliées à la mémoire – le bulbe olfactif, impliqué dans la mémorisation des odeurs, et, surtout, l’hippocampe. Une partie de ces neurones devient fonctionnelle en se connectant aux réseaux existants, et des études de laboratoire suggèrent que l’environnement de vie peut stimuler cette neurogenèse.
La plasticité à l’œuvre
Des expériences menées sur des souris adultes montrent qu’un environnement enrichi (roue d’activité, jeux renouvelés, présence de congénères, etc.) améliore l’apprentissage. Inversement, un milieu de vie pauvre (isolement, obscurité, cage vide, etc.) ou anxiogène (souris conditionnées à la peur) a un effet négatif. Chez l’homme, des observations réalisées sur des musiciens professionnels (violonistes) et des chauffeurs de taxis londoniens montrent que la zone du cerveau sollicitée par l’activité (les mouvements des doigts chez les musiciens, la mémorisation spatiale chez les chauffeurs) est plus développée que chez les non-musiciens ou chez les mêmes chauffeurs mais avant leur apprentissage des rues londoniennes.
Activer d’autres circuits
Plus globalement, de nombreuses études évoquent un lien entre l’apprentissage et la formation d’une réserve cognitive protectrice. Après un accident, le remodelage des circuits nerveux participe à la récupération. La perte de la parole à la suite d’un accident vasculaire cérébral ayant endommagé l’aire du langage, par exemple, peut en partie être compensée par l’activation d’autres circuits. Les procédures de rééducation cherchent à tirer profit de ce potentiel. Ce recyclage s’observe aussi chez les aveugles de naissance, les zones dédiées à la vision étant réaffectées à d’autres fonctions comme le sens du toucher (lecture braille) ou la localisation auditive.
L’approche « vie entière »
Pour étudier les facteurs protecteurs ou à risque, les scientifiques s’intéressent de plus en plus au parcours de vie et pas uniquement au profil de santé après 50-60 ans ou dans les années précédant un diagnostic de démence. On connaît l’effet protecteur du niveau d’études et d’éducation. Des recherches suggèrent que l’hypertension et l’obésité seraient néfastes pour le cerveau dès l’âge de 40-50 ans, voire avant. En parallèle, des essais évaluant plusieurs facteurs se développent. Le lien entre une seule mesure (l’exercice physique, par exemple) et la prévention est inconstant. Aussi, les chercheurs testent plusieurs paramètres simultanément (exercice + activités cognitives + supplémentation en oméga 3, par exemple), avec l’espoir de mettre en évidence des associations plus solides entre nos comportements et le vieillissement cérébral du fait, peut-être, d’un effet cumulatif des facteurs protecteurs.
Bon pour le cœur, bon pour la tête
Les maladies cardiovasculaires affectent le cerveau car l’obstruction ou la rupture d’une artère cérébrale (responsable d’accidents vasculaires cérébraux) peuvent laisser des séquelles cognitives. Ces accidents sont parfois silencieux : ils ne donnent pas ou peu de symptômes, mais provoquent des microlésions et ont tendance à récidiver. Les facteurs de risque vasculaire s’appliquent donc aussi à la santé cérébrale. La relation entre hypertension et troubles cognitifs est clairement établie. L’excès de pression artérielle induit des lésions des petites artères cérébrales à l’origine d’une perte progressive de mémoire et d’autres défaillances. Il favorise également la formation des plaques amyloïdes caractéristiques de la maladie d’Alzheimer. Le tabagisme, mauvais pour les vaisseaux sanguins, se révèle aussi directement toxique pour les neurones. Le diabète et l’obésité affectent les fonctions cognitives en raison de leurs complications vasculaires, mais aussi, probablement, par le biais de dérèglements métaboliques. Si vous prenez soin de votre cœur et de vos artères (voir supplément au Q.C. Santé n° 111, décembre 2016), votre cerveau vous remerciera.
Notes
Francis Eustache, directeur d’études à l’EPHE et de l’unité de recherche de l’Inserm « Neuropsychologie et imagerie de la mémoire humaine », président du conseil scientifique de l’Observatoire B2V des mémoires.
Anne Cogos
Biodiversité : comment attirer les pollinisateurs dans son jardin
Jardiner au naturel permet d’attirer les insectes pollinisateurs. Face à la menace grandissante de la disparition des abeilles, l’enjeu est de taille. La reproduction de plus de 200 000 espèces végétales dépend totalement du butinage des pollinisateurs. Sans leur intervention, 85 % des plantes à fleurs disparaîtraient de la surface de la terre. La priorité consiste donc à mettre en place un environnement favorable à la biodiversité.
SOMMAIRE
Les pollinisateurs, c’est quoi ?
Abeilles, papillons, bourdons et insectes butineurs constituent un groupe à part qu’il est indispensable de protéger au jardin. Ils sont garants de la pollinisation des plantes à fleurs, donc de leur fructification et de leur reproduction. Les abeilles (domestiques et sauvages) sont prédominantes au sein de ce groupe.
Les abeilles menacées
Si l’on constate une diminution globale du nombre de pollinisateurs, la disparition accrue des colonies d’abeilles domestiques inquiète particulièrement. En seulement 15 ans leur mortalité a atteint 30 % (1).
Proscrire les pesticides
L’effet de contamination est désormais officiellement reconnu : les insecticides sont toxiques pour les abeilles. Proscrivez tous les insecticides, y compris ceux à usage domestique non destinés au jardin, et ceux « biologiques ».
Privilégier les plantes qui les attirent
Laissez pousser quelques orties, elles accueillent les chenilles de nombreux papillons, et plantez des espèces mellifères. Elles sont riches en nectar et en pollen exploitables par l’abeille domestique. Les plus attractives sont la lavande, le népéta, la mauve, la mélisse, la bourrache, le pavot, la digitale, le sedum, les tagètes, la nigelle et la scabieuse ; ainsi que la plupart des plantes aromatiques comme la sauge, le romarin et le thym.
Semer une prairie fleurie
Les grandes étendues herbeuses tondues ras constituent un véritable désert pour les insectes. Semez des fleurs de prairie dans votre pelouse. Elle constituera un milieu très favorable à la biodiversité. Des mélanges prêts à semer sont proposés dans le commerce, utilisables dans toutes les régions. Si vous manquez de place, privilégiez une pelouse rustique fournie en pissenlits et pâquerettes, déjà très accueillante pour les pollinisateurs. Dans les jardins de ville, plus exigus, divisez votre pelouse et réservez un espace en prairie fleurie, par exemple le long d’une haie.
Imiter la nature
Multipliez les espèces dans les massifs et dans les haies et évitez d’installer vos plantes en grands groupes homogènes. Plusieurs couleurs de fleurs attirent papillons et butineurs de toutes sortes, alors que les jardins monochromes sont moins riches en variétés d’insectes.
(1) Chiffres 2013 de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra).
Quiz : un jardin potager pour le plaisir
Cultiver un potager c’est bénéficier de légumes frais et savoureux. C’est aussi observer la nature, la vie qui bourgeonne, fleurit, se repose au cours des différentes saisons et partager un petit territoire avec les oiseaux, les papillons, les petits animaux de la nature. Jardiner est aussi un excellent moyen de se détendre.